Ma généalogie depuis l'an 1603
Un peu de généalogie rend snob, beaucoup de généalogie rend modeste…
Robert Colonna d’Istria, Une famille corse, 1200 ans de solitude
Ce titre est un peut court ! Cette page décrit brièvement l'histoire de l'écriture et de ses supports, de ses moyens matériels, de la paléographie — c'est à dire la lecture des écritures anciennes, de l'archivage des supports, et aussi la transmission aux générations futures de notre travail de recherche en généalogie…
Les lignes droites, les courbes, les angles, les ovales, les carrés, les triangles, les polygones, les cercles, les prismes et les cônes : voilà les éléments ou les traits fondamentaux des lettres !
Plus de cinq mille ans avant notre ère, l'homme fait une découverte décisive pour son avenir : il trouve le moyen de traduire sa pensée et sa parole par des signes et peut, de ce fait, en conserver la trace et en assurer la transmission. L'écriture devient alors un instrument qui permet à l'homme de communiquer avec son prochain, de dialoguer avec ses précédéceurs pour laisser un témoignage de passage sur terre.
Bien avant l'invention de l'écriture, l'homme communiquait au moyen de signes tracés tels des images plus ou moins réalistes. Les peintures rupestres des grottes de Lascaux (15 000 av. J.-C.), sont cependant des messages que nous sommes incapables de comprendre, un support défiant les siècles mais pas transportable !
Puis, on passe lentement du pictogramme au phonème. Vers 3300 avant notre ère l'homme met au point, entre le Tigre et l’Euphrate, un système d’écriture formé de pictogrammes représentant des choses concrètes et assez limités en nombre comme des dessins simplifiés représentant des objets ou des êtres vivants . Les pictogrammes sont disposés et lus verticalement. On écrit sur de l’argile fraîche avec des calames de trois sortes — le calame effilé pour former les clous (en latin « cuneus », d’où le terme d’écriture « cunéiforme »), le calame triangulaire pour former les coins et le calame à bout rond pour noter les chiffres.
Ci-contre représentation du mot « femme »…
Les hiéroglyphes — des idéogrammes — sont un système d'écriture spécifique à l'Egypte, utilisés entre le quatrième millénaire avant notre ère et le quatrième siècle après J.-C, dont on ne connaît pas la genèse. Elle est totalement inadaptée à la vie courante. La connaissance de cette écriture s'était perdue très rapidement après le triomphe du christianisme.
Au deuxième millénaire avant notre ère s’opère une véritable révolution dans la communication entre les hommes : l’utilisation de l’alphabet. Rien de soudain, mais une lente évolution.
Le premier alphabet connu est celui d’Ugarit en Syrie, composé de 30 signes cunéiformes.
Le second dont on ait connaissance est l’alphabet phénicien composé de 22 signes. C'est une écriture linéaire tracée avec un pinceau sur du papyrus, Particularité : ne sont écrites que les consonnes, les voyelles étant ajoutées oralement.
Les phéniciens, qui sont des marchands, diffusent ce système d’écriture qui va donner naissance à l’alphabet araméen (lequel sera source des alphabets hébreu et arabe) et à l’alphabet grec — le cyrillique — et les alphabets étrusque et latin.
Ainsi, notre alphabet descend des pictogrammes et de leur utilisation acrophonique.
Certains alphabets, hiéroglyphes en spirale du second millénaire avant notre ère, comme celui du disque de Phaistos (musée archéologique d’Héraklion, en Crète) ci-dessous gravé avec des poinçons — comprenant 45 signes distincts, sont restés indéchiffrables … Ecriture syllabique ? Pas de Champollion pour eux ! Mais de nombreux chercheurs épigraphistes (ils étudient les inscriptions sur matière durable, comme la pierre et le métal. Particulièrement utile dans la connaissance de l'histoire des civilisations antiques, dont la plupart des documents périssables ont disparu) l'étudient, alors …
Les 45 signes/pictogrammes du disque
Personnages, animaux, fleurs et arbres, objets, …
Signification des pictogrammes
Les plus anciennes inscriptions en écriture latine datent des VIe -Ve siècles avant J.-C. Elles sont en majuscules
Du VIIe au IVe siècle avant J.-C. on trace la première ligne de droite à gauche puis et la suivante commence à gauche pour finir à droite
(boustrophédon, à l'image des sillons du laboureur). Après cette date, l'habitude est prise d'écrire de gauche à droite.
On distingue alors deux formes d'écriture :
• la capitale, lourde, utilisée pour les inscriptions solennelles tracées sur des matériaux durs (la pierre, le marbre),
• la cursive, en petites capitales, réservée aux documents de tous les jours (lettres, comptes, documents juridiques, etc.) le plus souvent rédigés sur des supports fragiles (papyrus, tablettes de cire, etc.).
Au IIe siècle de notre ère, la petite capitale cède la place à une minuscule « la cursive récente ».
Courbes et ligatures caractérisent cette écriture.
L'évolution des lettres latines arrive enfin à son terme.
Dans l'Antiquité et les premiers temps du Moyen Age, le support de l'écriture est le papyrus.
La fabrication consiste à découper la moelle de la tige de ce roseau en longues lamelles, qu'on dispose en couches superposées et croisées. Le feuillet obtenu est battu au maillet pour que la sève fasse convenablement adhérer les deux couches. Mis sous presse et séché au soleil, le papyrus est ensuite lissé. Le côté présentant les rubans horizontaux est le plus propice à recevoir l'écriture. Il est facile d'assembler plusieurs feuilles en rouleau compte tenu de sa souplesse. En revanche, il se prête très mal au pliage. Pour écrire, le scribe se sert toujours du calame.
L'Egypte a jusqu'au VIIe siècle le monopole de la fabrication et de l'exportation du papyrus. Mais, les conquêtes des Arabes en Méditerranée freinent les échanges commerciaux. De ce fait, le papyrus se raréfie et devient plus coûteux.
On a alors recours à un nouveau support : le parchemin, qui est plus résistant mais un support très onéreux de par sa fabrication.
Le parchemin est une peau d'animal non tannée, le plus souvent de veau, de chèvre ou de mouton traitée pour servir de support à l'écriture.
C'est le matériau utilisé pour copier les manuscrits dans les monastères et les universités.
Le parchemin est le support de l'écrit médiéval.
Parfois, par souci d'économie, les parchemins sont réutilisés après grattage et ponçage ; on les appelle alors des « palimpsestes ».
Ensuite, vint le vélin : peau plus fine de veau ou d'agneau …
Le livre en cahiers, avec du texte sur les deux faces de chaque feuille, est une révolution presque aussi importante que l’invention de l'écriture ou celle de l'imprimerie.
Charlemagne aide la compréhension de l'écriture par l'introduction de la majuscule initiale du premier mot qui permet de repérer aisément le début des phrases. La ponctuation apparaît. La reconnaissance rapide des phrases permet au lecteur de se concentrer sur la signication du texte : la page est claire.
Tout au long des premiers siècles de la période médiévale, le parchemin constitue le matériau le plus usité pour recevoir l'écriture.
Le papier, apparu en Chine, est introduit en Europe par l’intermédiaire des Arabes qui en font connaître la technique de fabrication.
En France, un des premiers documents rédigé sur papier date des années 1243-1248.
Cependant, l’Occident chrétien demeure méfiant à l’égard du papier, de moindre résistance que le parchemin.
Ce n'est qu'au XIVe siècle que les premiers moulins à papier apparaissent dans notre royaume. Ils sont mentionnés en 1348 à Saint-Julien, près de Troyes ainsi qu'à Ambert, en Auvergne (si vous passez par là, visitez le Moulin Richard de Bas). C'est au début du XVe siècle que la production de papier commence à se développer. C'est une fabrication manuelle principalement à base de lin et de chanvre.
Face aux difficultés d'approvisionnement en chiffons, notamment à cause des prix, les papetiers recherchent de nouvelles matières premières. On pense alors tout naturellement au bois. L’idée vient de René-Antoine de Réaumur (1683 - 1757). En observant des guêpes qui construisent leur nid, il se rend compte que ces dernières régurgitent de la cellulose mâchée. Le papier fabriqué à partir de fibres de bois est né !
Fabrication manuelle du papier
Le 18 janvier 1799, Louis-Nicolas Robert, inspecteur à la papeterie d'Essonnes, obtient un brevet pour son invention : la première machine à papier en continu, capable de produire une feuille de 60 cm de large sur 12 à 15 mètres de longueur, qui permet de produire davantage de papier à prix moindres. Pour la faire fonctionner il faut que des hommes actionnent une manivelle…
La production industrielle du papier a démarré au XIXe siècle avec l’essor des journaux à grand tirage et des premiers romans best-sellers.
Dessin humoristique montrant la fabrication du papier au début des années 1800
Une idée reçue veut que tous les papiers modernes se dégradent beaucoup plus vite que les papiers anciens, réputés pour leur très grande qualité. Mais il faut être conscient que tous les papiers disparaîtront. Reste à faire en sorte que ce soit le plus tard possible en se donnant les moyens de ne pas accélérer le processus de dégradation, à défaut de pouvoir simplement le ralentir. L'humidité, la sécheresse, la lumière, la chaleur, la poussière, les problèmes de place,la nicotine, les insectes, les moisissures, se combinent pour provoquer des dommages graves, souvent irréversibles : taches, jaunissement, trous de vers, etc. Les conditions de conservation et de consultation des registres anciens provoquent d’importants dégâts.
La température optimale de conservation des documents se situe à 18°C (+ ou – 2°C) et une hygrométrie idéale à 55% (+ ou – 5%).
Le calame est peu à peu remplacé à partir du Ve siècle par la plume généralement d'oie, car elle permet d’écrire en traits plus fin sur le parchemin et sa souplesse permet de faire plus facilement pleins et déliés.
D'abord faites à partir de roseau au IVe siècle, puis de plumes d'oiseaux, plus souples, à partir du VIe siècle.
La plume a été l'instrument principal de l'écriture en Occident.
L'encre pénétrant dans le support, le trait de plume ne s'efface pas.
La plume s'use vite en grattant le papier, ramollit dans l'encre, s'effiloche ; il faut la tailler assez souvent !
Ci contre, un tailleur de plume…
Encre est le nom donné à la liqueur employée pour écrire !
En Egypte « l’encre noire était obtenue par dissolution dans l’eau de noir de fumée ou d’autres carbones issus de tous produits de calcination, l’encre rouge était à base de terre, de cinabre ou de minium. Les encres anciennes se présentaient sous forme solide, diluée au moment de l’écriture »
Au temps de Pline on fabriquait l'encre avec du charbon provenant de bois résineux, pulvérisé dans un mortier et délayé avec de la gomme. Cette encre s'appliquait sur le papyrus au moyen d'un roseau effilé dont la pointe était fendue.
L'encre contient au moins un colorant, et presque toujours de l'eau, il faut que l'encre soit une teinture et non pas seulement une couleur, c'est-à-dire qu'elle pénètre les fibres du papier.
Là fabrication de l'encre faisait autrefois partie des connaissances techniques indispensables au maître d'école, et toutes les anciennes méthodes d'écriture contenaient une recette pour faire de la bonne encre noire (voir encadré en fin de page).
Les encres posent des problèmes particulier de conservation, soit par leur détérioration propre, soit par la détérioration du support qu’elles peuvent engendrer.
L’imprimerie, en permettant la reproduction quasi illimitée de lettres toujours identiques à elles-mêmes, joue un grand rôle dans l’évolution de l’écriture. A partir du XVe siècle, l’imprimerie fait reculer les écritures manuscrites, les éliminant du domaine du livre.
L'écriture « mécanique » a normalisé et aussi simplifé la forme de chaque lettre de l'alphabet, même si les premiers livres imprimés imitent les manuscrits ! La normalisation des formes annonce aussi celle de l’orthographe, la séparation des mots et la ponctuation.
L’apprentissage de la lecture s’est répandu grâce à l’invention de l’imprimerie.
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Ci-contre, registre de Langres en 1539, difficile de déchiffrer ce texte si on ne maîtrise pas la paléographie !
La paléographie est la science des anciennes écritures. Elle a pour but le déchiffrement des écritures de l’antiquité et du moyen âge.
Son domaine s’étend à toutes sortes de documents écrits.
La forme des lettres manuscrite selon les époques… (document emprunté au site Genea-Logiques)
Un simple regard sur ce document donne immédiatement l'étendue de la tâche ardue qui attend le pauvre généalogiste amateur débutant !
L’écriture s’est modifiée peu à peu, plus ou moins vite suivant les époques et les régions.
Chaque nouvelle forme d'écriture résulte de l'évolution d'une forme précédente :
• la minuscule caroline, née sous Charlemagne (Carolus Magnus en latin, 742-814)
• la gothique cursive (fin du XIe siècle) écritue liée pour la rapidité du mouvement
• la bastarda, milieu du XIVe siècle, intermédiaire entre la gothique et la cursive
• la ronde, dite aussi romaine, début XVIe siècle
• En 1632 il est ordonné aux maîtres-écrivains de définir la configuration des lettres majuscules et minuscules
pour enseigner « l'Art de l'Ecriture », afin de supprimer tous les traits superflus et toutes les abréviations !
• la coulée, au XVIIIe siècle, écriture très rapide, entre la ronde et la bâtarde ou italienne, se sustitue à la ronde,
• l'anglaise, définie comme cursive, apparaît au début du XIXe siècle, et permet la personnalisation individuelle
écriture minuscule caroline
écriture gothique
écriture gothique (cursive)
écriture bâtarde
écriture cursive
écriture ronde
écriture coulée
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Les archives départementales ont été créées dans chaque département par la loi du 5 brumaire an V (26 octobre 1796) pour conserver les archives de l’Ancien Régime (y compris celles des évêchés, abbayes, etc. disparus) ainsi que les archives des nouvelles institutions.
La conservation matérielle des archives est une mission essentielle car elle est garante de la transmission du patrimoine, d’une mémoire collective et individuelle. Chaque document est précieux car il est unique, le rôle des archives est d’assurer sa pérennité.
Incendie : il s’agit du premier danger auquel on pense lorsque l’on parle d’archives. Dans cette perspective, il convient de répartir les documents en fonction de leur importance juridique et historique. Ainsi, près des issues de secours, on peut placer les documents anciens, ainsi que les
quatre séries documentaires (état-civil, délibérations, arrêtés, cadastre).
Lorsque l’incendie s’est déclaré, il faut vérifier l’état des documents, mettre de côté ceux qui ont pu être touchés avec précaution car ils sont fragilisés.
Inondation : l’inondation peut causer bien plus de dégâts sur les documents qu’un incendie. En effet, les documents se gorgent d’eau dans les boîtes, se gondolent. L’humidité peut provoquer l’apparition de moisissures. Lorsqu’une inondation ou une infiltration d’eau se déclare, il ne faut pas laisser les documents dans la pièce. Il faut ouvrir les boîtes et laisser les archives sécher à l’air libre.
Moisissures : l’apparition de moisissures se fait à la conjonction de deux critères : humidité et chaleur.
Elles peuvent apparaître lorsque le local de stockage subit d’importants écarts de température. Si des archives sont touchées par des moisissures, le premier geste est de les isoler du reste du fonds d’archives. Il faut aérer les documents pour faire sécher les microorganismes et nettoyer avec un chiffon doux sans produit.
Nuisibles (rongeurs, insectes) : la plupart des nuisibles ont une activité principalement nocturne, cependant, certains signes peuvent permettre de remarquer leur présence (déjections, présence de sciure, …). Pour déterminer les espèces présentes sur le site (par exemples des vrillettes passant du bois au papier), le mieux est d’installer des pièges mécaniques pour les rongeurs ou des pièges à phéromones pour les insectes. Plusieurs types de traitements peuvent être envisagés en fonction des espèces et de l’invasion (congélation, anoxie, traitements chimiques).
Pour conserver au mieux les documents, les Archives ont recours à des supports de substitution tels que les microfilms ou les fichiers numériques. La numérisation d'archives publiques reproduit certains documents conservés par les services, afin de les protéger des risques de dégradation dans le temps et de faciliter leur accès via Internet. Ainsi l'original est protégé des manipulations répétées tout en fournissant son contenu au lecteur.
Mais, les archives électroniques sont aussi difficiles à conserver sur la durée ! Elles sont en fait très fragiles. Et les supports d'aujourd'hui
seront tôt ou tard dépassés…
C'est compliqué !
Les mails ont remplacé les cartes postales et les lettres, la majorité des photos numériques prises au smartphone ne sont jamais « développées » et tirées sur papier. Quels souvenirs laisserons nous à nos descendants ?
En ce XXIe siècle, la grande majorité des données que nous conservons existe uniquement au format numérique, ce qui pose la question de la sauvegarde de ces données. C’est un sujet très important car il ne s’agit pas seulement de conserver nos données mais surtout de les transmettre aux générations futures.
Comment pérenniser la sauvegarde de nos données ?
Les disquettes de notre jeunesse, les bandes magnétiques, les CD puis DVD, sont obsolètes et nos équipements actuels n'en permettent plus la lecture… Et de toute façon, un CD ou un DVD qui n'est pas lu fréquemment se détériore (durée de vie d’un CD-DVD : 5 à 10 ans) !
Trop souvent, ces données ne sont sauvegardées que sur notre ordinateur, une clé USB et peut-être sur un ou plusieurs disques externes. Mais les risques de « crash » du disque dur, de perte de la clé USB, voire la suppression involontaire de données sont très élevées.
Alors, quoi faire ?
Restent les possibilités offertes par les espaces de stockage en ligne tels les clouds. Ces solutions ont, pour le moment, l’avantage d’éviter la perte de données et de les rendre accessibles à nos descendants via Internet. Cependant, Internet a déjà montré que des sites en vogue ont mis la clé sous la porte. Il faut donc se méfier des promesses de certains sites qui promettent de sauvegarder nos mémoires « pour l’éternité ». Qu'en sera-t-il dans dix ou vingt ans ? Nous manquons beaucoup de recul sur la pérennité des données sur Internet… Donc, ce n'est pas une solution « miraculeuse », car comment être assuré que nos descendants pourront y accéder ? Aucun support numérique n’a aujourd'hui une durée de vie pérenne pour conserver « éternellement » nos données.
Il faut évidemment savoir ce qu'on veut transmettre aux générations futures, donc ceci suppose de trier.
Par prudence, il faut prendre les dispositions pour éviter des malheurs et limiter les risques !
Une bonne chose est de « rematérialiser » nos archives utiles — celles que l'on veut transmettre, en imprimant nos photos de famille, nos documents personnels comme les lettres et courriers importants, notre arbre généalogique, bref tout ce qu'on a confié à nos sites internet. Le papier reste lisible et accessible. Ça augmente le nombre de classeurs sur les étagères, mais c'est rassurant. Bien entreposé, à l’abri de la lumière et de l’humidité, le papier peut résister plusieurs centaines d’années. Malgré le « zero papier » tant à la mode. Nos descendants nous remercieront probablement d'avoir pris cette précaution ! Et si on conçoit un livre on peut en imprimer plusieurs exemplaires et les distribuer aux membres de notre famille pour limiter les risques de sinistres : incendie, inondation, etc. Il en restera bien toujours un exemplaire chez quelqu'un !
Voici la recette de l'encre qu'on lit dans l'Instruction facile et méthodique pour l'école paroissiale, sorte de règlement pour les petites écoles de Paris (édition de 1702) :
« L'encre se compose ordinairement avec du vin blanc ou de l'eau de pluie, ou de la bière, laquelle il faut mettre dans un pot de terre tout neuf, verni ou plombé, de grandeur à proportion de ce que l'on en veut faire, et il faut que le pot n'ait servi qu'à cet usage. Il faut mêler dans le vin, eau ou bière, par exemple pour avoir une pinte d'encre, un demi-quarteron de noix de galle, de la plus noueuse et de la plus noirâtre que l'on pourra trouver, qui sera cassée seulement en trois ou quatre morceaux et non pas broyée ; laquelle il faut laisser tremper dans ladite bière à froid, vingt-quatre heures, ou bien même, en été, exposée au soleil dans un lieu le plus aident. On se peut encore servir, pour faire de l'encre, d'eau de citerne ou de neige fondue ou de pluie, mais il faut que cette eau soit exposée plus longtemps au soleil, comme environ deux jours, avec ladite noix de galle ; laquelle eau doit être passée dans un linge délié auparavant que d'y mêler la noix de galle. Quand cela aura trempé un jour ou deux, selon ce qui est dit ci-dessus, il faut la mettre au feu et la faire bouillir deux ou trois bouillons, et, quand elle commencera à noircir, il y faut mettre un demi-quarteron de couperose broyée, puis environ une once de vraie gomme d'Arabie, bien broyée, que l'on fera bouillir encore deux ou trois bouillons. Que si elle était encore trop épaisse, il faut y ajouter un peu de vin, de bière ou d'eau de pluie ou de neige à proportion de ce qu'il lui en faudra ; que si elle était trop claire, il faut la faire bouillir davantage, et si elle perçait le papier dans l'essai, il y faudrait ajouter quelque peu de gomme, puis la laisser refroidir dans le même pot, et ensuite la couler avec un petit crible ou étamine dans la cruche, laquelle il faut bien boucher et resserrer en quelque lieu fraîchement. »