Ma généalogie depuis l'an 1603
Un peu de généalogie rend snob, beaucoup de généalogie rend modeste…
Robert Colonna d’Istria, Une famille corse, 1200 ans de solitude
Le hameau a abrité une Commanderie érigée en 1254 par des religieux de l'ordre de Saint Antoine !
À cette époque, le lieu dit s'appelait « Varcia » en latin.
À l'origine Aumonières était une station située sur la voie romaine qui reliait Langres à Besançon. Au Moyen Âge cette route était très fréquentée, par les marchands qui se rendaient aux foires de Champagne (à Troies) et les pèlerins qui se rendaient à Rome. Un hopital en ce lieu était sans doute nécessaire, car à cette époque, de nombreuses épidémies déciment la population. Il aurait été fondé vers la fin du XIe siècle par les seigneurs de Fouvent et de Champlitte qui l'auraient ensuite cédé aux hospitaliers de Saint Antoine qui étaient spécialisés dans le traitement des affections générées par l'ergot du seigle (un champignon microscopique) * contenu dans le pain, aussi appelées « mal des ardents » ou ignis sacer ou feu sacré. Cet hopital était exclusivement réservé au mal des ardents et à ses séquelles, et l'obligation était faite de démasquer toute supercherie.
Ordre hospitalier de Saint-Antoine
En 1070, les reliques de saint Antoine, amenées de Constantinople, sont déposées dans une chapelle à La Motte-aux-Bois, près de Vienne, qui prend le nom de Saint-Antoine-l'Abbaye. En 1089, un jeune noble, Guérin de Valloire, atteint par le feu sacré, fait vœu, en cas de guérison, de se consacrer aux malades. Il est sauvé et avec son père Gaston, ils fondent une communauté, qui va se faire connaître sous le nom de compagnie charitable des frères de l'aumône. Regroupée dans un hôpital dédié à Saint Antoine, la communauté recueille et soigne les malades atteints du mal des ardents.
L'ordre hospitalier de Saint-Antoine est ainsi fondé localement en 1095.
Statue de Saint Antoine et son cochon à son pied, collégiale d'Uzeste en Gironde
La maladie se présentait sous deux formes :
La médecine est pratiquement inexistante et les personnes atteintes viendront en nombre demander l’intercession d’un saint réputé : Saint Antoine.
Des guérisons ont eu lieu ce qui provoque un afflux massif de malades qui se mêlent aux pèlerins.
Selon l’abbé Charles Roussel (1813-1905), en 1878, qui retrace le riche passé d’Aumonières à l’époque romaine et médiéva
« C'était dans le principe un camp ou gîte d'étape pour les soldats romains ; on en fit dans la suite un hospice pour les pèlerins se rendant à Rome. Ce lieu est en effet si tué sur la chaussée de Langres à Rome, par Besançon et Genève ; ce n’est plus maintenant qu’un hameau dépendant de Pierrecourt.
Les intoxications liées à l’ingestion de l’ergot ont été nombreuses et récurrentes jusqu’au XIIIe siècle.
Les témoignages concernant l’activité hospitalière des Antonins d’Aumonières sont nombreux au XVe siècle ; par contre, les sources restent muettes tant sur l’identité des malades soignés à Aumonières que sur les soins prodigués par les religieux.
Il est très probable que les techniques de soin utilisées par les Antonins d’Aumonières aient été les mêmes que dans les autres maisons de l’ordre. Dans un premier temps, on servait au malade atteint d’ergotisme du pain de froment qui ne contient pas l'ergot de seigle et du porc pour sa viande et ses abats qui sont un apport de vitamine A. De cette façon, on éloignait la source de contamination. Les Antonins fabriquaient aussi une potion, le « Saint-Vinage »**, dans laquelle avaient trempé des reliques de saint Antoine et surtout des plantes aux effets anesthésiants et vasodilatateurs, qui combattaient la vasoconstriction liée à l’ingestion d’ergotamine. L’eau de Saint-Antoine et le baume de Saint-Antoine faisaient également partie de la thérapie antonine. Dans les cas graves, il fallait recourir à l’amputation. Dans ce domaine, les chirurgiens employés par les Antonins avaient acquis une solide réputation. »
Les membres amputés étaient exposés sur les murs de l'hospice et lorsque l'amputé mourait, ses membres étaient glissés dans son cercueil afin qu'il accède entier au paradis !
ci-contre, Retable d'Issenheim vers 1514, provenant du couvent des Antonins montrant un malade atteint du mal des ardents, l'homme a le ventre gonflé et couvert d'ulcères.
Comme aux hospices de Beaune, les malades pouvaient suivre la Messe depuis leur lit …
En 1735, Aumônières ferme ses portes et c'est la commanderie de Besançon qui l'absorba.
Après le départ des derniers religieux, l'église a été vendue comme bien national en 1793, et la chapelle est devenue église, dédiée à Saint-Martin.
Il est difficile d’imaginer aujourd’hui devant les vestiges de l'ancien clocher et de cette maison quel a été le rayonnement de son hôpital pendant plusieurs siècles.
Les éléments protégés par arrêté du 5 octobre 1993 :
Vestiges de l'ancien clocher (y compris les peintures murales) , de la nef de l'église et l'ancien logis de religieux (cadastre, parcelles AD 108 et 109).
En savoir davantage ICI.
* Dans des conditions climatiques de froid et d’humidité, un champignon parasitait les céréales et plus particulièrement le seigle.
** Le Saint Vinage : un remède miraculeux
Les Antonins prodiguaient des soins aux malades sous forme d’un breuvage et de baumes.
Les baumes étaient fabriqués à base de graisse de porc et de plantes.
Le Saint Vinage était administré aux malades le jour suivant leur entrée à l'hôpital, avec une relative efficacité s'expliquant par cette macération de plantes aux effets anesthésiants et vasodilatateurs.
Vinage, car il était élaboré avec du vin, provenant des vignes alentour, dans lequel étaient mises à macérer certaines plantes aux vertus reconnues. Ces plantes, au nombre de 14, étaient les suivantes : grand plantain, plantain lancéolé, coquelicot, verveine, renoncule bulbeuse, scrofulaire aquatique, ortie blanche, chiendent rampant, véronique petit-chêne, gentiane croisette, dompte-venin, trèfle blanc, souchet et épeautre.
Saint, parce que le breuvage était béni et mis en contact avec les reliques le jour de l’Ascension jour de la grande procession de la châsse de Saint Antoine.
La recette entière :
« Dans un mélange de quatre livres d'un excipient indéterminé, de quatre livres de suif, quatre livres de saindoux, quatre livres de poix blanche, quatre onces de cire jaune, deux onces de térébenthine, trois quart de livre d'huile d'olive, sont incorporés : deux onces de vert-de-gris (hydrocarbonate de cuivre), puis un décocté exprimé préparé avec six poignées de chacune des plantes suivantes : feuilles de choux, de noyer, de bette, de laitue, des deux sortes de plantain, de sureau, de sanicle, de tussilage, de joubarbe, d'orties, de ronces avec leurs sommités. »