Ma généalogie depuis l'an 1603
Un peu de généalogie rend snob, beaucoup de généalogie rend modeste…
Robert Colonna d’Istria, Une famille corse, 1200 ans de solitude
Mesures et unités diverses
Prendre des mesures est un acte banal. Ce langage nous sert à chaque fois que nous avons besoin d'être précis dans l'échange d'informations.
Nos mesures actuelles sont héritées de la Révolution.
La loi du 18 germinal an III (7 avril 1795) fixe la nomenclature actuelle des unités de mesure de surface, de capacité et de poids.
Les systèmes et unités de mesure de l’Ancien Régime étaient nombreuses et très différentes (environ 800) ! Elles ne reposaient pas sur le système décimal, il n’y avait pas un rapport de 1 à 10 entre une unité de mesure et une autre… Pire, une même unité de mesure prenait des valeurs différentes selon les régions, voire les cantons ! Marseille mesurait en palmes, Montpellier en pans, la Bretagne en perches. Et il faut faire un effort d'imagination pour comprendre que certaines unités de mesure étaient davantage « qualitatives » ou subjectives que quantitatives et objectives. Par exemple, une superficie pouvait être mesurée en journées de travail ! Pas très précis tout ça !
En France, jusqu'à la mort de Charlemagne, les poids et mesures étaient uniformes. Les magistrats étaient chargés, par des ordonnances royales, non seulement d'en entretenir l'uniformité dans toutes les provinces, mais encore de les vérifier d'après les étalons qui, pour la garantie publique, étaient alors gardés soigneusement dans le palais du roi. Ces mesures étaient basées sur des références corporelles (le pouce, le pied, le pan, la coudée, mais aussi la toise, l'aune, le muid, le setier, le boisseau, la pinte, la livre, l'once, le grain, l’arpent [du gaulois « portée de flèche »]).
A sa mort, les seigneurs locaux ont commencé à introduire des mesures et des unités plus grandes ou plus petites que les mesures officielles selon le domaine d’application comme la mesure de terres, d’étoffes, ou dans la marine. Mais, par exemple la valeur de la lieue variait selon les époques et les régions, ainsi la lieue de Paris valait 1 666 toises avant 1674, puis 2 000 toises jusqu’en 1737, soit 3 898 m. M ais, la lieue de Picardie, de Normandie et de Champagne mesurait 4 444 m, celle de Bretagne et d’Anjou 4 581 m et celle de Provence 5 849 m.
Il en est de même pour la valeur de la toise. Les marins utilisaient un système de mesure spécifique et pour mesurer la longueur des étoffes, c'était l’aune, dont les valeurs régionales variaient évidemment !
Pour la mesure des superficies, on faisait souvent référence à une quantité de travail ou à une quantité de grains nécessaire pour cultiver cette surface !
On comprend mieux maintenant l'expression « Deux poids, deux mesures » !
Les mesures anciennes ont-elles toutes disparu ?
Pas du tout ! En Angleterre on utilise encore le pied, le pouce ou l’once. Dans la marine on parle de milles, de brasses et d’encablures (1/10 de mille, soit 185,2 m). Les joailliers utilisent le carat, le bois se vend en stère, on achète le pétrole en barils, le textile continue d’employer le denier, et les militaires ont des obus calibrés en pouces.
Et bien des expressions ou proverbes font référence à des unités anciennes comme « les bottes de 7 lieues », « passer sous la toise », on peut boire « une pinte », en recettes de cuisine le beurre se mesure en « livre » !
Compliqué tout ça ! Essayons d'y voir clair…
Mesures de longueurs, basées sur le pied de roi
Il correspond à 0,32483 m et est censé être la mesure du pied de Charlemagne ! Mais il valait 32,48 cm à Paris, 30,48 cm à Londres, 38,03 cm à Bologne (Italie), et 29,68 cm dans le sud de la Suède !
Il se divise en 12 pouces de 2,706 cm (rien à voir avec l'actuel pouce anglais de 2,54 cm)
Le pouce se divise en 12 lignes de 0,226 cm
La ligne se divise en 12 points de 0,188mm
Mesures de distances
La lieue : elle variait de 2000 toises (3,8 km) à 3000 toises (5,8 km) !
La lieue de Paris valait jusqu'en 1674 : 1 666 toises. De 1674 à 1737 sa valeur était de : 2 000 toises, en 1737 elle est de :
2 400 toises pour le transport de grains
2 000 toises pour les Ponts et Chaussées
2 200 toises pour la poste
Superficies « subjectives »
Mesures de capacité pour le blé (valeurs de Paris)
Le boisseau : environ 16 litrons, soit 13 litres
Mesures de poids
Sous l'ancien régime les unités de poids en usage à Paris sont des multiples ou des sous-multiples de la livre poids de marc.
La "pile de Charlemagne" est l'étalon royal de poids. Elle a été fabriquée vers la fin du XVe siècle.
À l'origine, cette pile est un étalon monétaire, servant aux artisans travaillant l'or ou l'argent, aux orfèvres, joailliers, batteurs d'or et passementiers. Elle a été conservée jusqu'à la fin du XVIIIe siècle à la Cour des Monnaies de Paris avant d'être transférée à l'Académie des sciences. Elle sert de base en 1767 pour calculer les étalons français et ceux des principales villes d'Europe. C'est à partir de sa masse que sera déterminée en 1792 l'unité de poids, le grave, devenu en 1795 le kilogramme provisoire, puis le kilogramme définitif en 1799.
© Musée des arts et métiers, Cnam / Photo Sylvain Pelly
Mesures de capacité pour les liquides (valeurs pour Paris)
Le litron : 0,79 litres
La chopine ou sétier : 0,476 litre
La pinte : 2 chopines, soit 0,9305 litre
Système de mesure marine
La révolution et le système métrique
Un système de mesures que les révolutionnaires voulaient universel, afin qu’il puisse être adopté par toutes les nations.
En 1790, la toute jeune Assemblée nationale autorise l’Académie des Sciences à uniformiser les poids et mesures.
Les savants décident d’aller plus loin et de créer une unité de mesure indiscutable, universelle, éternelle, car tirée de la Terre elle-même, et un système de poids et mesures cohérent, avec des unités reliées entre elles et divisées suivant une échelle décimale.
Le 7 avril 1795, la Convention adopte le rapport du député Prieur de la Côte d’Or qui officialise le système métrique. Elle propose une unité de mesure universelle destinée à remplacer les unités locales.
Les citoyens sont invités de donner une preuve de leur attachement à l’unité et à l’indivisibilité de la République en se servant dès à présent des nouvelles mesures dans leurs calculs et transactions commerciales.
Les nouvelles mesures seront distinguées dorénavant par le surnom de « républicaines » ; leur nomenclature est définitivement adoptée comme il suit :
On appellera :
La fabrication des anciennes mesures est interdite.
Que vaut le mètre ?
Fondé sur les calculs du méridien par Nicolas-Louis de Lacaille en 1758 et d'une longueur de 3 pieds 11 lignes 44 centièmes, soit 443,44 lignes de la Toise de Paris, ce mètre provisoire est proposé en janvier 1793 par Borda, Lagrange, Condorcet et Laplace et adopté par décret le 1er août 1793 par la Convention.
C'est la dix-millionième partie de la méridienne passant par Paris et reliant le pôle Nord à l'Équateur.
Pour commencer, il faut mesurer le « quart du méridien terrestre » et le mètre sera le dix-millionième de cette distance
Oui, mais comment mesurer ce quart de méridien et avec quoi puisque le Mètre n'existe pas encore ?
Delambre (1749-1822) et Méchain (1744-1804)
sont chargés de le mesurer.
Ils effectueront les mesures sur un arc suffisamment long de ce quart de méridien. Delambre fut chargé de la partie nord, de Dunkerque à Rodez, Méchain de la partie sud, de Rodez à Barcelone (700 km entre Dunkerque et Barcelone), ils se rejoignent fin octobre 1797 à Carcassonne.
Je vous épargne la méthode, très complexe, mais l’expédition se prolongera dans des conditions difficiles de 1792 à 1798.
Il faut monter le matériel en haut des clochers, franchir des montagnes, braver le froid puis les fortes chaleurs, la méfiance des habitants.
Le résultat des mesures de Delambre et Méchain est étonnant : 551 584,7 toises, avec une erreur remarquable de seulement 8 millionièmes !
La longueur du quart de méridien calculée est alors égal à 5 130 740 toises !
Le système métrique est adopté le 10 décembre 1799.
Répandu dans toute l’Europe à la faveur des conquêtes révolutionnaires et napoléoniennes, le système métrique décimal ne devient exclusif de tout autre système de mesure en France qu’en 1840 !
En février 1796, seize « Mètres Etalons » en marbre sont placés à Paris afin de familiariser la population. Il en reste aujourd’hui deux, l’un est au 36 rue Vaugirard (ci-dessous à gauche) et l’autre au 13 place Vendôme.
Aujourd’hui, le système métrique est utilisé à peu près partout dans le monde, à l’exception du Libéria et de la Birmanie, des Etats-Unis *, du Royaume Uni qui n'est plus dans l'Europe — bien qu'officiellement légal en Angleterre et dans les pays du Commonwealth il n’est obligatoire que dans certains domaines dont l’enseignement, le commerce de détail.
Mais les écrans d'ordinateurs sont toujours mesurés en pouces alors qu’ils sont en principe un des symboles de la modernité !
Et les aviateurs continuent, malgré des tentatives de normalisation, à mesurer leur altitude en " pieds " !
Les deux astronomes, Delambre et Méchain, utilisèrent le procédé de la triangulation, dont le principe est le suivant :
• sur la bande de terrain qui contient l'arc de méridien à mesurer, on choisit, à l'est et à l'ouest de l'arc, un certain nombre de points (des clochers, par exemple) visibles les uns des autres au moins trois par trois ; ces points forment un réseau de triangles couvrant l'arc ;
• depuis chaque sommet de ces triangles, on mesure les angles des visées sur les autres sommets, ce qui définit tous les triangles par leurs angles ;
• dans le réseau, on choisit, comme côté de l'un des triangles, une « base », longueur de terrain à peu près horizontal d'une dizaine de kilomètres, qu'on mesure directement ;
• par visée astronomique, on mesure l'azimut d'un des côtés des triangles, c'est à dire l'angle qu'il fait avec le méridien, ce qui permet d'orienter le réseau, puis on mesure la latitude des deux extrémités de l'arc, ce qui déterminé son amplitude.
• la triangulation permet alors de calculer de proche en proche, à partir de la base de la longueur des côtés des triangles et leurs projections sur le méridiens, au niveau de la mer, c'est-à-dire la longueur de l'arc, d'où l'on déduit celle du quart de méridien.
Pour la mesure des angles, Delambre et Méchain utilisèrent un instrument dénommé « cercle répétiteur », mis au point peu auparavant par Borda et Lenoir, et qui permet d'atteindre une précision d'une seconde d'arc.
La base de départ, d'une longueur d'environ 6000 toises (11,7 kilomètres), fut mesurées près de Melun ; à titre de vérification, une seconde base fut mesurée près de Perpignan.
Pour ces mesures, dirigées par Delambre et Laplace, on utilisa des « règles de Borda », confectionnées par Lenoir et ajustées sur la Toise de l'Académie ; chaque règle, longue de 12 pieds (environ 4 m) était un couple de deux tiges, l'une en platine, l'autre en laiton, placées l'une sur l'autre, réunies par une de leurs extrémités, et terminées par des verniers, ce qui permettait de tenir compte d'une manière précise de la dilatation due à la température ; on les reportait successivement, en ligne droite, tout au long de la base.
Ce travail très important, accompli en pleine période révolutionnaire, fut interrompu par de nombreux incidents tels que bris ou destruction de matériel, arrestations, etc.
Commencé en juin 1792, il ne fut terminé que vers la fin de 1798.
Pour obtenir le résultat final, les savants ont dû aussi tenir compte de l'aplatissement de l'ellipsoïde terrestre, et ont utilisé à cet effet les données recceuillies lors de la mesure d'arc de méridien faite à l'équateur de 1735 à 1744.
La valeur de la distance du pôle boréal à l'équateur fut trouvée égale à 5 130 740 toises. (La valeur utilisée pour la détermination du mètre provisoire avait été de 5 132 430 toises).
* La NASA a perdu des millions de dollars à cause d’une erreur de conversion !
Le 23 septembre 1999, la NASA perd un satellite, Mars Climate Observer, qui devait étudier le climat de la Planète rouge. Au moment de la mise en orbite, la sonde est détruite en entrant dans l’atmosphère martienne. La poussée des propulseurs destinée à adapter la trajectoire était communiquée en système impérial (livre-force par seconde), alors que la sonde réclamait des mesures en système métrique (à savoir en newton par seconde), soit un rapport de 4,5 entre les deux grandeurs. Toutes les microcorrections de trajectoires précédentes n’ont fait que rapprocher la sonde de sa destruction et d’une perte de 125 millions de dollars (environ 140 millions d’euros de 2018).
Je me suis appuyé sur :