Ma généalogie depuis l'an 1603
Un peu de généalogie rend snob, beaucoup de généalogie rend modeste…
Robert Colonna d’Istria, Une famille corse, 1200 ans de solitude
Croyez-moi ou pas, j’ai fait mon premier arbre généalogique à 10-11 ans, sous la dictée de ma grand-mère paternelle ! Elle tenait beaucoup à ce que je sache qui nous étions, nous les Royer !
A la vérité, faire cet arbre était une punition suite à une énorme bêtise commise au patronage : j'avais fabriqué, dessiné à la main,
de faux « picaillons », la version catholique des images laïques distribuées à l'école quand on avait de bonnes notes !
A l'école ça m'arrivait d'en avoir, en rédaction notamment, mais au cathéchisme… non ! Il faut dire que je « séchais le cathé » !
Il n'y avait pas de téléphone portable, donc pas de SMS, pas de mail, et de toute façon ma grand-mère n'avait pas le téléphone ! Alors, la vie était belle pour moi à cette époque !
J'imagine qu'elle a reçu une lettre du curé, ce poivrot qui empestait la gauloise… et qu'elle lui apprenait que je ne pourrais pas faire ma communion ! La réaction, violente, m'a pris par surprise, j'ai reçu une vraie baffe !
« Apprends que chez les Royer, on est honnête ! » m'a-t-elle dit, très en colère...
Je suppose qu'elle a dû payer pour que je fasse quand même ma communion… Je me foutais même des cadeaux (j'ai quand même eu un beau stylo plume, et bien plus intéressant pour moi, un appareil photo « Brownie », ça c'était inatendu mais quelle joie !), aujourd'hui disparus suite à un cambriolage ! Salauds, je vous hais ! Voler mes souvenirs d'enfance, faut être vraiment un moins que rien, une sous-sous merde ! Passons…
Passé cet épisode, je ne me suis plus jamais intéressé à ma généalogie jusqu’à ce qu’un jour un de mes petits-fils — Louis — ait à faire son arbre généalogique pour l’école, je me suis dit que j’étais probablement le seul de cette famille qui sache encore un peu d’où nous venions. Et qu’il serait bien que je le fasse connaître à mon tour.
En décembre 2009, jeune retraité — mais loin d'être désœuvré, j’ai essayé de rassembler ce qui me restait de la transmission orale faite par ma grand-mère. Ah, si j’avais su, de son vivant j’aurais pris des notes... mais je ne l’ai pas fait, et ma mémoire n’a enregistré que très partiellement tout ce qu’elle m’a raconté ! J’avoue qu’à cette époque, ça me saoulait ...
J'ai retrouvé dans mes archives l'arbre généalogique qu'elle m'avait obligé à faire, je suis parti de là !
Je me suis lancé, j'ai exploré Internet, me suis inscrit sur Généanet, puis trouvé Actes 52 — un site d'une association de bénévoles de Haute Marne, qui dépouille les registres d'état civil déposés aux Archives départementales, et les publie sous forme de base de données, villes par villes.
Ici, le village de Frettes, répertorie tous les noms des habitants
Ici, tous les Royer de Frettes, toutes époques !
Oui, mais lesquels sont les miens ? Je ne connais que François le père de ma grand-mère (il y en a 5) et Nicolas son grand-père (il y en a 6).
Sur les 5 François, 3 ont pour père un Nicolas ! Un est né en 1811, il est trop vieux, un autre né en 1825 est aussi trop vieux. Le 3e est né en 1861, ça pourrait coller avec ce que j'en sais. Oui, mais comment en être certain ?
Premier blocage ! Il faut vraiment que j'apprenne comment faire…
J'achète ce livre et ça devient limpide !
Je vais sur le site des archives de Côte d'Or, et je consulte le registre de l'année 1889 de Châtillon sur Seine, ville où elle est née ma grand-mère.
J'y trouve deux actes :
1) le 28 novembre, celui de ma grand-mère Germaine, qui me confirme que François est bien son père et que sa mère s'appelle Anne Julie Poupée. Mais ça ne me dit pas de qui ce François est le fils ni où il est né !
Par contre, c'est très important il est écrit qu'ils se sont mariés à Châtillon sur Seine le 1er juillet.
2) je vais à la page du 1er juillet, et là, Ô miracle on dit de qui il est le fils !
J'apprends qu'il est bien né à Frettes, le 28 septembre 1861, que son père s'appelle bien Nicolas et sa mère Séraphine Ragot, ce que j'ignorais !
Je suis content, j'ai bien avancé !
Oui, mais… il y a un gros mais ! Où diable ce François est mort et quand ?
Je cherche aux Archives départementales de la Haute Marne son acte de naissance…
Ah, les archives de Frettes sont maintenant en Haute Saône !
Je n'apprends pas grand chose sur cet acte de naissance…
A part qu'en 1861, son père a 30 ans, donc né en 1831, et que sa mère a 24 ans.
Ça ne m'avance pas beaucoup…
Et avant 1945, les mairies ne portaient pas le décès en marge du registre…
En attendant, je retourne sur Actes 52, pour lire la fiche du père Nicolas … et remonter le cours de l'histoire des Royer !
Avec à chaque fois, passage par les archives départementales pour confirmation. Ça prend du temps mais c'est absolument indispensable, sinon on suit des fausses pistes et on ne s'en aperçoit pas de suite ! Ce qu'on lit sur Généanet, Filae, et autres, c'est souvent bourré d'erreurs induites par des gens peu scrupuleux qui se recopient les uns les autres avec les mêmes bourdes !
Sur Filae et Geneanet, on retrouve les mêmes « collectionneurs », qui recopient frénétiquement tout ce qu'ils trouvent chez les autres, sans scrupules sans chercher à comprendre, il y en a un qui revendique 53 000 noms qui n'ont rien à voir avec ses ancêtres ! A quoi bon ? C'est une perte de temps inutile à mon humble avis. Mais peut-être ai-je tort ? Une autre fait se marier un garçon de douze ans avec une femme de trente ans… C'est dingue ! Aucun amour du travail bien fait !
Pour ma part, je me concentre sur mes deux lignées, et ça fait déjà presque 1 500 noms si je prends en compte les époux et épouses !
En principe, je vérifie tout sur les registres d'état civil.
Il m'aura fallu 11 ans pour arriver à établir la lignée complète, avec autant que faire se peut pour chacun l'acte de naissance, l'acte de mariage et l'acte de décès ! Etre né quelque part ne signifie pas, surtout pour un homme, qu'on s'y est marié et encore moins qu'on y est mort !
Aujourd'hui, j'ai presque achevé de réunir la documentation la plus complète possible sur les Royer et les Cholot.
Les deux lignées sont établies avec certitude. Ainsi, Hérédis le logiciel que j'utilise pour enregistrer les informations sur chaque personne contient 1 302 fiches ! Et je suis à la tête de 368 patronymes différents… répartis entre 190 communes différentes.
C'est beaucoup, mais avec les familles des collatéraux, c'est normal, je suis le 11e de la lignée des Royer et à ce stade on a 1024 ancêtres !
Chaque individu a un père et une mère, 2 grands-pères et 2 grands mères… Mon père a aussi 2 grands-pères et 2 grands-mères, etc.
Donc entre mes parents, grands parents et arrière grands parants, avec moi, ça fait 15 personnes…
Bon, il est inutile de chercher à « collectionner » les fiches, il faut rester concentré sur la lignée paternelle et la lignée maternelle.
Maintenant, je vais m'attaquer à l'écriture — ou plus exactement à la réécriture — pour actualiser un livre sur l'histoire de mes ancêtres connus, commencé il y a quelques années, et ceci va m'entraîner à fouiller les archives notariales de Haute Marne, et celles de l'Aube, afin d'y trouver les contrats de mariage par exemple, les inventaire après décès, etc.
Ceci afin de bien montrer la vie dans les villages, autrefois.
Juste savoir que untel est né tel jour à tel endroit, s'est marié avec une telle où et quand — voire avec 3 femmes successivement, qu'il a eu une ribambelle d'enfants, et qu'il a fini par mourir tel jour à tel âge à tel endroit, c'est bien ! Ça m'a demandé pas mal de boulot…
C'est fait, fini, mais ça ne me suffit pas du tout !
Il me faut aller bien plus loin !
Ce livre est destiné à ma postérité, mes petits-enfants en premier !
Soyons optimistes, celà va bien me prendre encore 3 ou 4 ans ! Si tout va bien !